Haïti : la saga sexuelle d'Oxfam a bel et bien commencé au Tchad

Depuis le début de la semaine, l’ONG britannique Oxfam est éclaboussée par un scandale sexuel impliquant ses employés à Haïti. Mais à la réalité, cette affaire a des racines plus anciennes, notamment au Tchad et l’ONG avait jusqu’alors tenté de le dissimuler. À N’Djaména, aucune réaction officielle.

Une enquête du journal britannique The Times a révélé les orgies de certains employés de l’ONG Oxfam avec des prostituées, dont des mineurs, à Haïti. Ces rencontres insolites se déroulaient dans des hôtels et des maisons loués au frais de l’organisme. Au cœur de toute cette affaire, un homme : le Belge Roland van Hauwermeiren, directeur pays d’Oxfam Haïti.

Dans les archives d’Oxfam, pourtant, Roland van Hauwermeiren n’a pas toujours les bonnes références. En effet, avant d‘être muté à Haïti, l’homme officiait au Tchad où il a été soupçonné des mêmes actes répréhensibles. Mais cela n’a pas empêché son employeur de le nommer à Haïti. Selon The Times, l’Oxfam a “ignoré les mises en garde malgré des inquiétudes sur son comportement envers les femmes” pendant qu’il travaillait au Tchad en 2006.

Ce lundi, l’Oxfam a reconnu avoir négligé les accusations qui pesaient sur son directeur pays. Penny Lawrence, directrice générale adjointe, a dès lors rendu sa démission assurant “assumer l’entière responsabilité”. “Il s’agissait d’un groupe d’hommes privilégiés abusant de ceux qu’ils étaient censés protéger”, a par ailleurs déclaré Oxfam dans un communiqué.

En Grande-Bretagne, l’affaire fait grand bruit et le gouvernement menace de réduire son aide si toutes les informations afférentes à ce scandale ne lui était pas communiqué.

Paradoxalement, au Tchad, où l’ONG travaille à renforcer la société civile, ainsi qu‘à aider les agriculteurs à atténuer les effets du changement climatique, aucune réaction officielle.

De son côté, l’ONG a annoncé des mesures visant à renforcer la prévention et le traitement des affaires d’abus sexuels.

“Nous continuerons de nous attaquer aux problèmes culturels sous-jacents qui ont permis ce comportement”, a assuré dimanche dans un communiqué, Caroline Thomson, nouvelle présidente du conseil d’administration d’Oxfam.